Brexit : quel impact pour le secteur agroalimentaire français

Alors que les britanniques se sont prononcés hier en faveur du Brexit, les conséquences d’un départ du Royaume-Uni de l’Union européenne apparaissent de prime abord négatives pour la France et plus incertaines à moyen-terme dans leurs éventuels bienfaits.

Les conséquences économiques sont donc pour le moins difficiles à évaluer selon l’ANIA. Les modalités d’une éventuelle sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni demeurent à ce jour indéterminées. Toutefois, l’idée que le « Brexit » aurait d’importantes conséquences économiques et budgétaires, aussi bien pour le Royaume-Uni que pour les autres États européens, fait aujourd’hui consensus. Dans l’agroalimentaire, les secteurs les plus touchés seraient notamment le vin et les produits laitiers, qui contribuent très nettement au solde commercial français.

Le secteur agroalimentaire touché par le Brexit

  • Le secteur agroalimentaire français demeure très fortement internationalisé, avec des performances commerciales concentrées sur un nombre limité de secteurs
    Il exporte en 2015 44,3 Md€ (21 % de son CA est exporté), ce qui le classe comme 4e secteur exportateur mondial. L’essentiel de ces exportations est à destination des pays européens (autour de 66 % des exportations agroalimentaires).
    Le solde commercial, largement excédentaire du secteur (8,1 Md€) repose sur un nombre très limité de secteurs (boissons, produits laitiers et glaces) qui sont très largement importés par le Royaume-Uni (chiffre). Hors boissons et tabac, le solde commercial français demeure négatif (-3,6 Md€), depuis 2007.
  • Le Royaume-Uni reste un partenaire commercial important
    Au global (tous secteurs confondus), le Royaume-Uni (629 milliards de dollars) est le quatrième importateur mondial après les États-Unis (2306 milliards), la Chine (1680 milliards) et l’Allemagne (1056 milliards). C’est le premier insulaire, devant le Japon en 2015. Sur 456 milliards d’euros exportés, le Royaume-Uni est le cinquième partenaire français à l’export. Il représente 7% de ses exportations en valeur. Les exportations au Royaume-Uni représentent 31,775 milliards d’euros en 2015, dont 4,539 milliards pour l’agroalimentaire (soit 14% en valeur en 2015)
  • Des incidences économiques négatives semblent toutefois déjà faire l’objet d’un consensus
    Le secteur agroalimentaire serait impacté, dans des proportions difficilement quantifiables. Depuis la fin de l’année, l’OCDE a noté un net recul du change de la livre sterling par rapport au dollar et à l’euro, les enquêtes auprès des directeurs d’affaires des entreprises britanniques indiquent une forte incertitude concernant les conditions économiques. Dans ce contexte, les exportations agroalimentaires britanniques reculent de près de 5 % sur un an, sur les 4 premiers mois de l’année 2016, alors qu’elles progressaient encore en 2015.

Avenir à moyen terme

  • Le « Brexit » entraînerait une limitation des échanges commerciaux
    Via le rétablissement de droits de douanes sur les flux britanico-européens ou de la perte du bénéfice associé à l’existence d’une union douanière. Ces droits de douanes peuvent être particulièrement élevés s’agissant des biens alimentaires. Par l’apparition de barrières « non-tarifaires » : dans ce cadre, les coûts administratifs peuvent représenter près de 25 % de la valeur des biens échangés. (Source OCDE)
  • Les secteurs les plus touchés seraient surtout le vin, les produits laitiers, qui portent les performances agroalimentaires à l’export
    Dans les exportations françaises (globales) à destination du Royaume-Uni, figurent notamment :

– le vin pour 5,7%
– les produits laitiers pour 2% (fromage et beurre)
– viennoiseries, produits issus de boulangerie et de céréales pour 1,6%

  • Si la perte de 0,5 Md d’euros, selon une analyse Euler Hermes,  était avérée cela représenterait un manque à gagner de 11% , étalé sur l’ensemble des secteurs agroalimentaires.
    Dans l’agroalimentaire : les produits les plus touchés seraient donc :

– Vin : 40 %, soit 200 millions de pertes
– Produits laitiers : 14% (fromage et beurre), soit 70 millions de pertes
– Viennoiseries, produits issus de boulangerie et de céréales : 11,4%, soit 57 millions de pertes.

Il convient toutefois de noter que cet impact est purement mécanique. Les produits agroalimentaires français jouissent d’une grande réputation et sont souvent synonymes de qualité.

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CHIFFRES CLÉS

– Total des exportations agroalimentaires françaises en 2015 : 44,3 Md€
– 66 % des exportations agroalimentaires sont à destination de l’Union européenne
– 14% des exportations agroalimentaires françaises sont à destination du Royaume-Uni
– Solde commercial agroalimentaire français : 8,1 Md€ en 2015 ; déficit de -3,6 Md€ hors boissons et tabac

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ania agroalimentaire Brexit

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