"La grande histoire des regroupements de la distribution" : le cas Carrefour

La grande histoire des regroupements dans la distribution par Claude Sordet et Claude Brosselin
La grande histoire des regroupements dans la distribution par Claude Sordet et Claude Brosselin

L’histoire du commerce est un sujet inépuisable d’inspiration, d’analyse et sans doute le plus grand fermant de la prospective des entreprises du secteur. Les livres documentés dans le domaine de la distribution ne sont pourtant pas nombreux.
Au travers de La grande histoire des regroupements dans la distribution, rédigé par Claude Sordet (dont vous pouvez entendre la voix sur ce site) et Claude Brosselin, sous l’égide de l’Association pour l’Histoire du Commerce, les hommes d’entreprises, enseignants, étudiants, analystes ainsi que les journalistes pourront revenir sur ce qui motive les regroupements ainsi que les formes et variantes qu’ils peuvent prendre.
En complément de Carrefour, Un combat pour la liberté, plus orienté sur les raisons de la relancement du concept de marque de distribution, les auteurs proposent au lecteur d’examiner de façon synthétique les différentes formes de regroupement, leurs raisons, les techniques, la réglementation, et examinent ensuite les principales opérations intervenues en France dans le domaine spécifique du commerce moderne.

Préface de Raymond François LE BRIS
L’Harmattan
Collection : Distribution
ISBN : 978-2-296-54236-5 • 29,50 € • 248 pages
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Les auteurs nous ont permis de reprendre « les bonnes feuilles ». Nous avons sélectionné les premiers temps de ce qui sera le Carrefour que l’on connaît aujourd’hui sous une forme bien différente.

En remontant l’arbre généalogique de ce « new » CARREFOUR qui depuis son émergence médiatique en 1999 ne cesse de défrayer la chronique, on verrait apparaître sur ce graphe :
– François-Joseph DEFFOREY, en 1812 amputé d’une jambe devant Moscou et tenant un emploi réservé, un bureau de tabac ;
– Charles et Henri DEFFOREY, qui en 1887 créent une entreprise de gros ;
– Prosper FOURNIER lançant en 1822 une mercerie.

Les enfants ou petits-enfants de la lignée des ancêtres de CARREFOUR démontrent, au cours de cette première partie du siècle écoulé, leurs grands talents d’entrepreneurs. Certains entretiennent voire développent le patrimoine familial, d’autres n’hésitent pas à prendre les risques de la création de nouvelles entreprises. Ainsi :
– en 1919, Clotilde BADIN, associée à Louis DEFFOREY, crée la SARL DEFFOREY qui deviendra en 1929 la Société BADIN DEFFOREY ;
– en 1919, Eugène et Emile FOURNIER agrandissent le magasin de mercerie-bonneterie créé en 1906 par Pierre FOURNIER. Ils ouvrent en 1932 à Annecy un vaste magasin textile qu’intégrera Marcel FOURNIER en 1936 ;
– en 1959, Marcel FOURNIER crée à Annecy le premier CARREFOUR (enseigne tirée du nom du magasin). Il est, sans conteste, l’authentique père fondateur ;
– en 1959/1960, recherche d’un partenaire à dominante alimentaire. Faute d’ETOILE DES ALPES-ALLOBROGES (affilié PRISUNIC), c’est le succursaliste BADIN DEFFOREY qui vient constituer le premier mariage de cette présentation généalogique. De cette union naquit Sainte-Geneviève-des-Bois (1963), puis Vénissieux, etc. C’était CARREFOUR II.

L’année 1966 s’inscrit dans la belle époque de CARREFOUR qui, ouvrant en septembre à Vénissieux aux portes de Lyon son plus grand hypermarché (9 500 m²), créait dans la foulée la première société 50/50, la SOGARA.
Le partenaire choisi par le fondateur « originel » de CARREFOUR, Marcel FOURNIER, avait pour nom Xavier BEAU, le Président d’une modeste entreprise succursaliste du sud-ouest de la France, GUYENNE ET GASCOGNE. Ce dernier ayant, mieux que d’autres succursalistes, perçu combien la formule inventée par Marcel FOURNIER allait révolutionner la géographie de la distribution. On doit à la SOGARA en marge de sa belle réussite l’ouverture du plus grand hypermarché jamais créé en France à Portet-sur-Garonne à côté de Toulouse (25 000 m²).
A partir de 1970 CARREFOUR s’était essayé à franchiser son enseigne. A cette époque des liens de partenariat franchiseur/franchisé étaient établis avec PROMODES (ouverture d’un premier hypermarché à Caen Mondeville) et avec la Société CORA (ouverture sous enseigne CARREFOUR du premier hypermarché de la famille BOURIEZ à Nancy). A l’orée des années soixante dix, CARREFOUR souhaitait diffuser son enseigne le plus rapidement possible sur l’ensemble de l’hexagone. Mais, leçon apprise et bien apprise, les franchisés PROMODES et CORA reprirent leur indépendance. En revanche, en 1972 CARREFOUR reprenait au capital de la SOGRAMO la place laissée vacante par la famille DECRE (SOGRAMO, pour mémoire, société constituée en 1968 par les COMPTOIRS MODERNES et la famille DECRE propriétaire à Nantes d’un grand magasin éponyme). Cette arrivée significative de CARREFOUR au tour de table de la SOGRAMO sera pour l’entreprise Mancelle un événement dont à l’époque, on ne pouvait encore apprécier la portée, Jean-Claude PLASSART conservant la fonction de Directeur général de la SOGRAMO et Raymond GOULOUMES intégrant le Conseil d’administration de CARREFOUR. En 1971 CARREFOUR avait introduit son titre en Bourse et en 1972 détenait, ainsi, 50 % des tours de table de SOGARA et SOGRAMO.
CARREFOUR pense dès 1977 à se diversifier dans des secteurs marchands porteurs venant compléter ses activités « hypermarchiques ». Et de s’associer avec CASTORAMA pour créer une filiale commune, CASTORAMA EXPANSION, destinée à développer un programme de grandes surfaces spécialisées dans le bricolage. CARREFOUR, en 1985, rachète au Grenoblois GENTY CATHIARD 50 % de leur société GSD dédiée à l’exploitation d’hypermarchés. CARREFOUR s’invite en 1987 au capital de BUT INTERNATIONAL à hauteur de 40 %. En 1988 CARREFOUR deviendra actionnaire à hauteur de 35 % de DUBOIS INVESTISSEMENTS qui détient 95 % de CASTORAMA.
1991 sera l’année des grandes manœuvres pour CARREFOUR. Denis DEFFOREY a laissé la barre de ce très grand vaisseau à Michel BON, ex n° 2 du CREDIT AGRICOLE. Ce dernier va au pas de charge relancer le développement hors hexagone de CARREFOUR et procéder à de spectaculaires reprises.
Ainsi CARREFOUR reprend MONTLAUR (11 hypermarchés, 3 supermarchés, 4 jardineries, 7 cafétérias et 9 galeries marchandes) et crée une filiale commune avec GROUPAMA pour vendre des assurances dans ses magasins*. Il reprend aussi EUROMARCHE (voir Chapitre II.8).
CARREFOUR prend une participation de 10 % du capital de PICARD surgelés. Revenant sur ses stratégies de diversification CARREFOUR revendra cette participation en 1993 avec une fort belle plus-value estimée à 1,7 milliard de francs. CARREFOUR vend aussi à CASTORAMA la chaîne de magasins BRICORAMA (héritage d’EUROMARCHE).
En 1983, CARREFOUR rachète à RADAR les 50 % que cette Société détenait dans ERTECO qui exploitait des petits magasins discomptes à l’Allemande sous l’enseigne ED. PROMODES avait DIA en Espagne, CARREFOUR possède désormais une réplique française avec ED (Epicerie Discount).
La fin des années 80 et les années 90 vont être pour CARREFOUR la décennie des acquisitions fusions. Sous la présidence de Michel BON, rappelons celles d’EUROMARCHE et de MONTLAUR et bien entendu sous la mandature de Daniel BERNARD celle de PROMODES en 1999, qui succédait à la prise de contrôle des COMPTOIRS MODERNES en 1998.

* PROVENCIA, un franchisé CARREFOUR et ex-PROMODÈS a tenu le choc, jusqu’à présent, de rester indépendant. A ce jour, il exploite 4 hypermarchés, 29 supermarchés et 10 hard discounts, tous sous des enseignes du groupe CARREFOUR + un cybermarché (PROVENCIA SHOP).

LES AUTEURS

Claude SORDET est un ancien dirigeant succursaliste (Economiques de Rennes) et patron de presse (LSA), ainsi que fondateur de la chaîne d’hôtels Minimote. Il est membre de l’Académie des Sciences Commerciales et Président d’Honneur de l’Association pour l’Histoire du Commerce.
Claude BROSSELIN (ESCP, CPA, Expert Comptable) est un ancien dirigeant du Groupe Printemps – Prisunic. Après avoir été Directeur Général des Hypermarchés Radar Géant, il a fondé un cabinet d’expertise comptable international. Il a enseigné dans de nombreuses écoles et universités (ESCP, HEC, ESSEC etc.) et est Ancien Président de l’Académie des Sciences Commerciales, et Président de l’Association pour l’Histoire du Commerce.

1 réflexion au sujet de « "La grande histoire des regroupements de la distribution" : le cas Carrefour »

  1. Mon cher voisin je lui emprunterais son livre un de ces jours pour voir un peu ce dont il retourne

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