Pour foodwatch, Maggi et Liebig se moque toujours des consommateurs

Ces deux grandes marques de l’agroalimentaire, que foodwatch surveille depuis plusieurs mois, semblent avoir ressenti le besoin d’adapter leurs emballages. Problème : Maggi et Liebig induisent toujours les consommateurs en erreur. Elles continuent de désinformer avec des emballages qui ne tiennent absolument pas leurs promesses. Appâter le chaland avec de la viande et ne pas en glisser le moindre morceau dans la recette ; baptiser sa soupe de poissons « à la Méditerranée » et avoir honte de communiquer l’origine du poisson : ces ruses d’industriels sont parfaitement légales. Une situation que foodwatch dénonce d’autant plus fermement que ces pratiques abusives sont permises par nos autorités de contrôle (DGCCRF).

La pétition foodwatch pour un étiquetage honnête adressée à Nestlé a déjà recueilli les signatures de milliers de consommateurs outrés par les pratiques abusives du fabricant des soupes Maggi. Une soupe « bœuf-carottes » ne doit-elle pas contenir le bœuf promis dans le nom et sur l’image ? Sur l’emballage de sa soupe autoproclamée « Saveur à l’ancienne », Maggi présentait un généreux morceau de viande et de belles carottes. Mais la fameuse soupe ne contenait en réalité que 1,1% de jus de cuisson de bœuf et à peine 5,5% de carottes. Plus de sel que de légumes, plus de glutamate que de jus de cuisson de viande : une recette plus proche de la chimie que de la tradition de nos grands-mères. Il fallait oser. Maggi a visiblement ressenti le besoin de changer son emballage.

#cherchezleboeuf
Le nouveau paquet montre désormais un plus petit morceau de bœuf et davantage de carottes, alors qu’il contient toujours la même quantité ridicule de jus de cuisson et de carottes. Le morceau de viande promis dans le nom du produit et sur le visuel brille toujours par son absence. Maggi a, certes, changé l’image mais les ruses du fabricant demeurent. De l’aveu même de Nestlé, ces « améliorations » ont pourtant « nécessité près d’un an et demi de recherche et développement ». foodwatch va donc poursuivre la mobilisation autour de sa pétition. Ce moyen de pression a déjà fait ses preuves puisque, sous la pression des consommateurs, un fabricant a fini par retirer son produit du marché.

Maggi

Liebig : des raisons de ne pas dire la vérité ?
Quant à la « Soupe de poissons à la Méditerranéenne » de Liebig, foodwatch avait interpellé son fabricant, en lui demandant d’où provenaient précisément les poissons utilisés dans ce produit. De Méditerranée, comme le laissait penser l’emballage ? La liste d’ingrédients, qui mentionnait simplement « poissons » restait très vague à ce sujet. foodwatch avait également interrogé Campbell, alors propriétaire de Liebig, sur l’origine des légumes puisque l’avant du paquet affichait fièrement « Cuisiné en France ». Les questions posées par foodwatch n’avaient reçu qu’une réponse lapidaire : « Nous ne donnons pas ce type d’informations confidentielles. » Une excuse bien commode qui permet aux fabricants de se réfugier derrière le secret industriel, et leur évite de dire toute la vérité sur les aliments qu’ils commercialisent.

La « Soupe de poissons à la Méditerranéenne » s’appelle désormais « Soupe de poissons aux aromates »
Les ingrédients sont radicalement identiques. Les mentions « Cuisiné en France » et « Sans colorant ni conservateurs » ont disparu. Pourquoi ? Que contient réellement cette soupe Liebig ? Le consommateur n’en saura rien. La holding Continental Foods qui possède désormais Liebig n’a pas répondu aux nouvelles interrogations de foodwatch sur ce changement d’étiquetage. Ce grand nom de l’agroalimentaire, pourtant maître dans l’art de la communication, ne semble pas à même de fournir les informations toutes simples que nous sommes en droit d’obtenir.

Liebig

Des ruses légales mais pas légitimes pour autant
foodwatch s’insurge contre ces pratiques inacceptables et considère que nous avons le droit de savoir ce que contiennent réellement nos aliments. L’association de défense des consommateurs milite donc pour des lois plus contraignantes afin d’empêcher les fabricants d’entretenir la confusion avec des images ou dénominations malhonnêtes.
« Rien ni personne ne contraint Nestlé et consorts à tenir leurs promesses. L’industrie agroalimentaire peut tout à fait nous duper avec des emballages alléchants et refuser de dire la vérité sur la composition des aliments. Cela semble absurde mais c’est légal. On devine que les fabricants ont tout intérêt à désinformer les consommateurs. Et ils continueront à ruser tant que nos autorités laisseront faire », souligne Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch France.

Les fabricants édictent les règles qu’ils se targuent ensuite de respecter
Il est d’autant plus facile de flouer le consommateur que Nestlé, Continental Foods et les autres producteurs de soupe ont eux-même édicté les règles de fabrication qu’ils se targuent ensuite de respecter ! Regroupés au sein d’un « Syndicat national de fabricants de bouillons et potages », les industriels formulent leurs propres « codes de bonnes pratiques » rédigés par les fabricants de soupe, pour les fabricants de soupe, qui ne protègent absolument pas les consommateurs contre les pratiques abusives. Ainsi, le Code de la soupe, très peu contraignant, permet à l’industrie de tirer les standards de qualité de notre alimentation vers le bas tout en promettant monts et merveilles aux consommateurs. Aucun risque de sanctions si les fabricants ne tiennent pas les promesses faites sur l’emballage. Car ces Codes sont reconnus par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (la DGCCRF). Alors pourquoi se gêner ?

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