Pacte alimentaire : l’ANIA s’engage lors des Assises Nationales de l’Alimentation

Le nouveau pacte alimentaire vient d’être lancé ce 10 mai 2016 devant une assemblée de 500 dirigeants d’entreprises agroalimentaires et leaders d’opinion du secteur réunis par l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) à l’occasion des Assises Nationales de l’Alimentation. Sous la présidence de Jean-Philippe Girard, cette organisation qui regroupe 18 fédérations professionnelles et 23 associations régionales, comme interlocuteur privilégié des pouvoirs publics vient d’impulser une nouvelle dynamique pour les industriels dans la prise en compte des attentes des consommateurs.

Le pacte alimentaire, début d’un changement de relation des industriels envers les consommateurs ?

Ce nouveau pacte alimentaire proposé par l’ANIA et les industriels du secteur que l’association représente est le fruit du constat du changement flagrant des attentes des consommateurs recueillies entre novembre 2015 et mars 2016 lors d’une Grande Consultation Citoyenne. Cette première grande consultation citoyenne – réalisée auprès de plus de 8.800 consommateurs – dont les premiers résultats sont déjà disponibles – est le socle d’une nouvelle intégration des attentes des consommateurs par :

  • un pacte alimentaire pour une alimentation toujours meilleure
  • un pacte alimentaire pour plus de transparence et plus de confiance
  • un pacte alimentaire pour une alimentation plus responsable et plus durable
  • un pacte alimentaire pour une filière plus forte, créatrice d’emplois locaux
  • un pacte alimentaire pour le rayonnement de la France dans le monde

Ce pacte alimentaire est disponible en ligne.

Pour une nouvelle alimentation industrielle… non industrielle

Lors de ces Assises de l’alimentation réunies au Palais Brongniart, il a été rappelé que le secteur agroalimentaire est confronté à une véritable transition de son modèle. Le défi de l’alimentation a rapidement évolué en 60 ans : la France de 1950 qui comptait 40 millions d’habitants, dont 50% en milieu rural, ne ressemble pas à la France de 2016 et ses 68 millions de français dont 80% vivent en milieu urbain ; la population mondiale est passée d’1,5 à plus de 7,5 milliards d’habitants ; les habitudes et les modes de consommation ont évolué ; les besoins et les attentes des consommateurs ont significativement changé. « La filière alimentaire, grâce à ses agriculteurs, ses entreprises agroalimentaires et ses commerces, a relevé l’incroyable défi de la deuxième moitié du XXe siècle, celui d’accompagner l’explosion démographique française, l’urbanisation, l’évolution de la société pour proposer une offre variée et accessible au plus grand nombre. Il est temps d’établir un nouveau pacte alimentaire entre nous »  a déclaré Jean-Philippe GIRARD. Il fallait évidemment d’adapter pour suivre cette évolution. Voici le sens de ce mouvement.

Pour lancer cette journée, Jean-Philippe Girard, Président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA), a prononcé le discours d’ouverture de ces Assises Nationales de l’Alimentation.

Discours de Jean-Philippe Girard, président ANIA

[toggle title=”Texte du discours d’ouverture de Jean-Philippe Girard“]
Seul le prononcé fait foi
Le 10 mai 2016 à Paris,

Mesdames, messieurs les parlementaires,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,

Merci d’être venus si nombreux ce matin. Merci de nous donner du temps car je sais combien chacune et chacun de vous est sollicité. Merci de votre participation.

Année après année, nos Assises de l’Alimentation sont devenues un rendez-vous important, voire incontournable, pour débattre, pour améliorer nos connaissances grâce à 2 tables rondes et nos experts, pour écouter les nouvelles attentes du « consommateur citoyen »

Un rendez-vous important pour sensibiliser toutes nos parties prenantes :

– Notre amont : l’agriculture
– Notre aval : la distribution
– Les politiques
– Les élus nationaux et territoriaux
– Les administrations
– Nos Organisations et nos Fédérations
– Les Médias

Pour sensibiliser toutes et tous à nos enjeux de qualité, de sécurité, d’offre et de créativité alimentaire, à nos enjeux d’emplois créés ou préservés, à nos enjeux de territoire et de terroirs, à nos enjeux de savoir-faire et d’attractivité de nos métiers.

Prendre la hauteur, prendre du recul et comprendre pourquoi un fossé, des tensions, se sont créés entre ceux qui produisent, ceux qui transforment, ceux qui distribuent, et ceux qui consomment.

Comprendre pourquoi cette perte de confiance du consommateur alors que depuis plus de 20 ans nous avons fait des progrès considérables sur nos produits. Comprendre pourquoi tant d’émissions à charge, tant de vents contraires alors que nous avons placé Le consommateur au coeur de notre attention, au coeur de notre action, au coeur de la société.

Et bien, ce matin nous allons tacher d’y répondre.

Grâce à des consommateurs qui vont s’exprimer et nous dire ce qu’ils attendent de nous Grâce à des experts, des élus, des patrons d’entreprises de grande expérience et de grande qualité.

Grâce aussi à notre « grande consultation citoyenne » qui a vu près de 9 000 consommateurs nous dire ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas, ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent plus.

Les consommateurs nous disent que bien manger, c’est vivre ; que bien mange et savoir ce que l’on mange, c’est important, et que nous sommes les garants du modèle alimentaire français auquel ils tiennent beaucoup !

J’ai l’habitude de répéter, dans ma propre entreprise, à mes équipes : « ce que vous créez, ce que vous produisez, vous le mangez ». Faites-le donc avec passion, avec sincérité, et avec soin. Soyez fiers de contribuer au bien-être, au bien vivre, au bien manger des Français, des Européens et des consommateurs du monde entier.

Mais voilà, nous nous sentons parfois bien seuls !

Nous avons l’impression, le sentiment, de ne pas être entendus, de ne pas être compris et même parfois de ne pas être soutenus et relayés dans nos actions. Nos métiers, nos organisations, nos entreprises, nos équipes sont souvent malmenés, ce n’est pas normal !

Nous ne méritons pas d’être traités comme nous sommes traités, nous ne méritons pas d’être stigmatisés, nous ne méritons pas d’être montrés du doigt alors que nous faisons mieux chaque jour ! C’est dur, c’est souvent disproportionné et injuste.

C’est pourquoi nous profiterons de la prochaine élection présidentielle pour rencontrer les candidats, pour affirmer nos actions, nos priorités, nos positions, notre responsabilité, notre nouveau pacte alimentaire. Mais également dire notre mécontentement car depuis plusieurs mois, depuis plus de deux ans, nous nous sentons délaissés et abandonnés.

OUI nous voulons plus d’écoute, plus d’échanges, plus de collaboration car la réussite, la croissance, la confiance, ne se décrètent pas un lundi matin, elles se gagnent.

Elles se gagnent par l’écoute et le respect mutuel, elles se gagnent par des actions concertées et par de la proximité, elles se gagnent par le respect de nos organisations et de nos entreprises.

Nous allons donc durcir le ton pour le bien de notre pays, de notre filière, de nos entreprises, du consommateur.

Oui ce matin Notre Grand Invité « le consommateur citoyen » va nous dire ce qu’il attend de nous. Ces Assises seront le prolongement de la grande consultation citoyenne.

N’oublions pas qu’il nous a délégué son alimentation, c’est une grand responsabilité que nous devons toutes et tous assumer avec fierté, avec responsabilité, et avec ambition.

Encore merci pour votre présence et votre participation, place aux consommateurs citoyens, place aux débats, place aux assises de l’alimentation 2016, merci et à tout à l’heure.

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Verbatims de consommateurs sur l’alimentation

Intervention de Catherine Chapalin, Directrice Générale de l’ANIA

Plusieurs grands moments sont venus ensuite rythmer la matinée. En premier lieu une table ronde dont nous mettons en accès libre certaines vidéos.

TABLE-RONDE : « Parole aux consommateurs, parole aux citoyens »

de gauche à droite :

  • Sylvie HÉNON-BADOINOT – PDG de Bacardi Martini Europe et Présidente de la Fédération Française des Spiritueux
  • Thierry BLANDINIERES – DG d’InVivo Group
  • Régis LEBRUN – DG du groupe Fleury Michon
  • Catherine PETITJEAN – PDG de Maison Mulot & Petitjean et Présidente de l’Alliance 7
  • Pascal PASQUIER – PDG du groupe Brioche Pasquier
  • Jérôme FRANCOIS – DG Communication Consommateurs de Nestlé France

Intervention de Régis Lebrun, DG du groupe Fleury Michon

Intervention de Pascal Pasquier, PDG du groupe Brioche Pasquier

Un grand débat était ensuite organisé.

LE GRAND DÉBAT : « Tous ensemble au service des consommateurs »

de gauche à droite :

  • Nathalie DAMERY Présidente de l’Observatoire Société et Consommation
  • Jérôme BÉDIER – DG délégué et Secrétaire Général du Groupe Carrefour
  • Guillaume GAROT – Député de la Mayenne, ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire
  • Jean-Philippe GIRARD – Président de l’ANIA
  • Christiane LAMBERT – 1re Vice-Présidente de la FNSEA
  • Philippe CHALMIN Professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine et Président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires

Intervention de Christiane Lambert, 1re Vice-Présidente de la FNSEA

Intervention de Jérôme Bédier, DG délégué et Secrétaire Général du Groupe Carrefour

Intervention de Jean-Philippe Girard, président ANIA


Discours de clôture des Assises Nationales de L’Alimentation
par Jean-Philippe Girard, Président de l’ANIA

[toggle title=”Texte du discours de clôture de Jean-Philippe Girard“]
Le 10 mai 2016 à Paris,
Seul le prononcé fait foi

Mesdames, messieurs, chers intervenants,

Merci pour cette matinée studieuse sans langue de bois, sans tabou. Cette matinée constructive, engageante et très encourageante.

Nous devons continuer à agir et penser consommateurs.

Nous devons accepter que l’objectif de notre métier a évolué au cours de ces 50 dernières années.

Avant, l’objectif était de répondre au boom démographique avec des produits variés, accessibles, rapides et faciles à préparer. Proposer des produits adaptés à l’évolution des familles, des modes de vie et des consommateurs.

La filière alimentaire, grâce à ses agriculteurs, ses entreprises agroalimentaires et ses commerces, a relevé cet incroyable défi.

Mais il est temps d’établir un nouveau pacte alimentaire entre nous car aujourd’hui c’est toujours nécessaire, ce n’est plus suffisant.

Nous devons et devrons être en perpétuel mouvement, en perpétuelle amélioration pour que le consommateur perçoive nos efforts et nos progrès.

Nous devons répondre aux interrogations multiples des consommateurs, telle « Isabelle de Bézier », qui, lorsqu’on lui demande ce que les industriels pourraient faire pour améliorer l’alimentation répond, avec beaucoup de spontanéité, « faire moins industriel ».

Nous devons faire preuve de plus de transparence, de plus de pédagogie, parler plus de nos entreprises, parler plus de nos recettes, parler plus de nos savoir-faire.

Nous devons mettre à l’honneur nos salariés qui travaillent chaque jour pour faire mieux, pour faire meilleur, pour faire bon et pratique avec des process et des procédés industriels. Ouvrir nos entreprises, informer, former, agir et penser consommateur.

Continuer à faire vivre nos sites réels et virtuels pour recréer du lien, de la confiance entre nous et vous, entre vous et le consommateur, entre le consommateur et nous.

Un poète disait « Mieux vaut faire un pas ensemble que 10 pas tout seul ». J’aime cette approche qui fait appel à notre intelligence collective, à notre envie collective d’agir, avec et pour le consommateur, avec et pour nos entreprises et nos salariés, avec engagement et responsabilité. Et si ce matin ce 1er pas, nous venions de le faire ensemble ? Au travers de ces Assises, au travers de notre nouveau Pacte alimentaire.

OUI un pacte entre nous et chaque citoyen avec un seul credo : « La qualité pour tous ».

Un pacte pour une alimentation qui concilie le goût, le plaisir, la praticité, la diversité, l’équilibre alimentaire… au juste prix.

Un pacte pour une alimentation qui tienne compte des nouvelles aspirations des consommateurs et des nouveaux besoins.

Un pacte pour plus de transparence et donc plus de confiance ; pour une alimentation sûre, saine, durable, responsable et exportable ; capable de satisfaire nos besoins actuels et futurs, tout en préservant nos ressources naturelles.

Un pacte pour une filière forte, ambitieuse et respectueuse du bien-être humain et du bien-être animal ; une filière créatrice d’emplois et d’investissements locaux ; une filière créatrice de lien avec les territoires ; une filière créatrice de valeurs sociales et sociétales ; une filière aux ambitions européennes et mondiales.

Un pacte qui permet à nos agriculteurs de vivre dignement de leur production ; à nos industries alimentaires de dégager des marges suffisantes pour continuer à innover, investir, recruter et Exporter ; à nos distributeurs de sortir de cette guerre des prix mortifiées qui détruit de la valeur et de la confiance

Un pacte où chaque acteur respecte l’autre pour redonner vie à nos territoires ; pour redonner vie à nos produits ; pour redonner vie de la valeur à notre alimentation. Ne serait-il pas plus vertueux de promouvoir la marque France, promouvoir nos spécialités, nos marques, nos savoir-faire ; que de détruire inutilement de la valeur ; que de brader notre patrimoine alimentaire.

Alors, construisons ensemble, je dirai même co-construisons un nouveau pacte de croissance, un pacte de confiance, un pacte d’avenir, pour l’alimentation des Français.

Ce premier pas, ce nouveau Pacte alimentaire vous l’avez désormais entre vos mains. Il est le fruit, croyez-moi, d’un énorme travail, d’un énorme engagement.

Ce nouveau Pacte Alimentaire est le fruit d’un travail collaboratif avec l’ensemble des fédérations adhérentes à l’ANIA, que je souhaite, devant vous, remercier très sincèrement ; le fruit de très belles contributions de nos entreprises de toute taille, de tout métier, de toute région, de tout statut ; le fruit d’une équipe ANIA dont je suis fier, qui a su valoriser cette initiative, dessiner les priorités pour le consommateur et pour les années futures. Une équipe engagée à faire vivre ce pacte, avec vous, et pour vous.

Mais ce pacte alimentaire que je souhaite porter et incarner avec votre soutien, s’adresse également à nos pouvoirs publics, car demain c’est-à-dire en 2017, chacun devra jouer son rôle et assumer ces décisions.

Comment ne pas relier « la guerre des prix » à la souffrance de nos agriculteurs et de nos entreprises alimentaires. Guillaume Garot, ici présent, pourrait en témoigner.

Sera-t-on capable dans les semaines qui viennent d’accepter que si la LME avait un rôle modérateur de l’inflation en 2008, elle n’est plus adaptée aux risques prolongés de déflation en 2016 ?

Sera-t-on capable d’évoquer la dépendance économique de nos entreprises et de rééquilibrer, face aux grandes centrales d’achats, les relations entre agriculture, alimentation et distribution ?

Aurons-nous enfin le courage et la détermination de faire progresser et prospérer une filière stratégique pour la France ?

Le citoyen consommateur attend autre chose de nous, il nous l’a dit, il nous l’a même écrit.

Soyons à la hauteur des attentes de nos consommateurs, soyons ambitieux pour notre alimentation et surtout soyons audacieux et vrais dans nos propositions, dans nos actions. Nos consommateurs changent. Nous changeons aussi, avec eux, pour eux, grâce à eux. C’est ensemble que nous redonnons de la valeur à l’alimentation.

Au final je nous invite à nous engager dans ce nouveau Pacte Alimentaire. Je vous invite à mettre « au cœur de ce pacte » notre intelligence collective et notre intelligence d’actions ; et pour dire aux consommateurs citoyens qu’ils ont été entendus.

Merci. Je compte sur vous. Vous pouvez compter sur moi !

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L’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) rassemble 18 fédérations nationales sectorielles et 23 associations régionales, représentatives des 16 218 entreprises alimentaires de France. L’agroalimentaire est le premier secteur économique français avec un chiffre d’affaires de 170 milliards d’euros et le premier employeur industriel avec 440 926 salariés. L’ANIA est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, des administrations et des médias sur les sujets liés à l’alimentation. www.ania.net

pacte alimentaire

3 réflexions au sujet de “Pacte alimentaire : l’ANIA s’engage lors des Assises Nationales de l’Alimentation”

  1. Lorsque Jean-Philippe Girard dit “La filière alimentaire, grâce à ses agriculteurs, ses entreprises agroalimentaires et ses commerces…” espérons que ce petit monde s’en rappelle au moment des négociations…

  2. C’est étrange l’intervention de Monsieur Bédier en “réponse” à Madame Lambert quand on regarde les vidéos. J’ai pas l’impression qu’il ai entendu l’intervention de Madame Lambert. Trop de bruits dans la salle ?

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