Une industrie agroalimentaire française qui décroche

L’industrie agroalimentaire française se maintient en tête des secteurs industriels français en 2016. Avec un chiffres d’affaires de 172 Md€, en légère hausse en 2016 (+1,1%), le secteur agroalimentaire emploie directement 427 213 salariés, pour une création nette de 4 333 emplois en 2015. Par ailleurs, l’IAA française reste une locomotive à l’export avec un solde commercial excédentaire de près de 7 Md€ en 2016, ce qui fait d’elle le 3e secteur en termes de solde commercial, derrière l’aéronautique (18,6 Md€) et la chimie-cosmétique (9,4 Md€).

L’industrie agroalimentaire a embauché selon l’ANIA

S’agissant d’emploi ou d’export, l’industrie agroalimentaire renforce le potentiel de croissance de l’industrie française, qui a détruit près de 90 000 emplois ces trois dernières années, en affichant un déficit commercial autour de 70 Md€ en 2016.

Cette résilience masque un décrochage des marges

Dans le secteur agroalimentaire, le taux de marge suit une érosion tendancielle depuis 2007 (baisse cumulée de près de 4 points), alors qu’il a retrouvé son niveau du début des années 2000 dans le reste de l’industrie manufacturière. En 2016, la baisse a notamment été visible (-3,1% sur un an), alorsqu’une conjonction de facteurs (CICE, taux d’intérêt et prix du pétrole particulièrement bas), a priori non reproductibles dans les mêmes proportions pour 2017, auraient dû conduire à un redressement, comme celui observé dans le reste de l’industrie manufacturière.

Plusieurs facteurs qui font de l’IAA française une exception européenne

Depuis plus de 3 ans, les industriels sont confrontés à un véritable guerre des prix, à laquelle s’est adjointe, depuis deux ans, une guerre des promotions. L’extrême concentration de la grande distribution française exacerbe cette pression sur les prix.

Ainsi, en dépit d’une accélération sensible du prix des intrants (+19% début 2017), inédite depuis 5 ans, la déflation des prix alimentaires reste toujours de mise (-1,1% en 2016). La pression fiscale, qui s’est brusquement intensifiée à partir de 2010, sous l’effet de plusieurs taxes sectorielles, affecte la structure financière des IAA françaises. Ainsi, bien que représentant 20% de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière française, le secteur agroalimentaire contribue pour 50% à la hausse de la fiscalité constatée sur cet ensemble depuis 2011 (soit un alourdissement total de 1,2 Md€). Avec 33 taxes spécifiques, soit trois fois plus qu’en Allemagne ou en Italie, le secteur agroalimentaire fait figure exception à l’échelle européenne.

Parmi les autres éléments de formation du prix, les charges sociales françaises sont les plus élevées de la zone euro, en représentant près de 33% du coût total du travail (contre 22% en Allemagne). La conjonction de tous ces facteurs, spécifiques à la France, explique largement le décrochage de la valeur ajoutée française depuis 10 ans (-14,5%). Elle induit enfin une perte de parts de marché à l’export pour la France : 2e exportateur mondial dans e l’agroalimentaire en 2004, la France se classe désormais en 4e position, dépassée successivement par l’Allemagne (2005) et les États-Unis (2008).

Avec une croissance des exports très limitée sur longue période (4% par an contre 20% en Chine) l’IAA e française est désormais talonnée par la Chine et voit donc sa 4e place menacée. Au-delà, faute de politiques économiques adaptées (simplification, modernisation, export), c’est tout son potentiel de croissance à long terme qui serait directement affecté.

agroalimentaire ANIA

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